jeudi 4 avril 2013

La Corée du nord vue à travers Des amis de Baek Nam-Ryong, par Danaé Madec.

 

La Corée du Nord et ses habitants

 

à travers Des amis, de Baek Nam-Ryong

  

I- Présentation

 

Des amis est un roman de Baek Nam-Ryong paru en 1988 en Corée du Nord, sous la dictature de Kim Il-Sung. Il faudra attendre 2011 pour que ce roman parvienne en France.

 

 Baek Nam-Ryong est né en 1949. Il travaille dix ans en usine avant de faire des études de littérature à la faculté Kim Il-Sung. Il publie sa première nouvelle en 1979. Depuis, Bark Nam-Ryong écrit beaucoup et compte à son actif une vingtaine d’oeuvres dans lesquelles il préfère se pencher sur des existences ordinaires plutôt que de raconter des aventures héroïques.

 

 Résumé du roman : L’histoire commence lorsqu’un juge chargé des affaires de divorce, nommé Jong Jin-Woo, reçoit Soon-Hwi, une cantatrice célèbre dans la région, qui veut obtenir le divorce. Pour comprendre les raisons de cette demande et ce qui l’a poussée à en arriver là, Jong Jin-Woo va enquêter sur l’histoire du couple de Soon-Hwi à partir du jour où elle a rencontré son mari, Sok-Chun. En essayant de résoudre cette affaire et de sauver ce couple qui autrefois s’aimait, Jong Jin-Woo va se remettre en question et soulever des problèmes de société, l’institution du mariage, l’avenir des enfants après le divorce, la place du travail dans la vie de famille.

 

II- La Corée du Nord à travers l’oeuvre

 

 La vision du pays à travers ce roman est plus sociale que géographique. On nous parle de façon anecdotique de certaines régions peu fertiles, mais on découvre surtout l’organisation sociale du pays. L’auteur nous montre un gouvernement qui est apprécié, des habitants qui travaillent pour leur pays dans un effort commun. Les études y sont accessibles pour tous, un important budget est réservé aux innovations afin de mettre en avant la recherche. Le divorce est autorisé mais peut être refusé, même si les deux partis le demandent. Seul un juge, après une enquête, décidera si le divorce est recevable ou non.

 

Baek Nam-Ryong noux décrit un pays évolué et moderne, et nous donne une vision qui diffère de celle qu’on a généralement de cette dictature.

 

III- Les habitants à travers l’oeuvre

 

Ce roman nous montre la vie quotidienne des Nord-Coréens. On découvre une vision très communiste de la vie en société. Tout le monde s’appelle «camarade», rien n’est secret et lorsque quelqu’un fait quelque chose de mal, tout le monde parle de lui, le critique et le juge. Par exemple, Soon-Hwi, qui a demandé le divorce et néglige ses devoirs d’épouse, est mal vue par ses voisins et mise à l’écart.

 

D’autre part, les valeurs morales des Nord-Coréens sont très strictes et exigeantes. Il faut être modeste, discret, respectueux, poli... La vanité est très critiquée et est considérée comme le pire des défauts. Il ne faut pas penser que pour soi, mais pour l’ensemble de la communauté. Il ne faut pas non plus avoir trop d’ambition. Par exemple, dans ce roman,  quand Sok-Chun, le mari de Soon-Hwi, reçoit un vase et un diplôme pour son invention (récompenses dérisoires par rapport à son travail), il ne dit rien. Sa femme le critique, disant qu’il devrait réclamer plus, mais il lui répond : «La fierté discrète est plus distinguée que l’honneur ou l’argent.»

 

La vision nord-coréenne de la famille serait considérée comme «dépassée», «non-évoluée» et machiste en France. En effet, la femme doit s’occuper des enfants, de la maison, de toutes les tâches ménagères. Pour faire plaisir à son mari, elle doit laver sa chemise pour qu’il soit propre et distingué face aux autres. Une bonne femme doit se taire et endurer la mauvaise humeur de son mari. Certaines personnes âgées vont même jusqu’à comparer le choix d’une femme à l’achat de bétail dans un marché. Mais contrairement à ce qu’on pourrait penser, il existe des familles où les femmes ont leur mot à dire et peuvent se disputer avec leur mari et où les hommes s’occupent de la maison pendant que leur femme travaillent. Ces hommes sont critiqués par les autres et décrits comme des hommes faibles, mais ils existent.

 

Les Nord-Coréens sont très pudiques, surtout dans leurs relations amoureuses. Quand ils se font la cour, ils se parlent peu et par non-dits, ne disent pas de but en blanc ce qu’ils pensent. Ils se prennent rarement la main, de demandent la permission pour se prendre dans les bras, même s’ils se marient le jour même. Une fois mariés, ils continuent à se vouvoyer.

 

Le travail est considéré comme très important dans leur vie, certains se sacrifient pour leur travail et donc leur pays.

 

IV- L’histoire et le style de l’auteur

 

L’histoire en elle-même est plutôt classique, c’est une histoire d’amour avec une fin peu surprenante. Il n’y a pas vraiment de suspens ou de rebondissement, mais ce n’est pas le but recherché par l’auteur. C’est une histoire de vie, simple, calme, agréable à suivre.

 

Le style de l’auteur quant à lui est très poétique dans les descriptions de paysages mais simple et un peu répétitif quand il parle de la vie des personnages.

 

 IV- Conclusion

 

J’ai voulu lire ce livre afin de découvrir la Corée du Nord qui est un pays très fermé à cause de la dictature. Il m’a permis de découvrir un pays plus tolérant vis-à-vis de la femme que je ne le pensais, bien que le sexisme soit très présent. J’ai aussi découvert une société bien organisée, qui met à la porté de tous les études et valorise le travail de ses habitants. Toutefois, le roman a été publié il y a une vingtaine d’années, on peut se demander si depuis la vie en Corée du Nord n’a pas changé. D’autre part, l’auteur semble ne pas être objectif et il faut rester critique, il peut s’agir d’une vision erronée, embellie.

 

 

 

 

 

Informations pratiques

 

édition : Actes Sud         

 

prix : 22 € 20

 

nombre de pages : 245   

 

disponible au CDI

 

  

 

 

 

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